La recherche aérospatiale : l’ ONERA

La création de l’ ONERA

Pourquoi l’ ONERA? Au lendemain de la Libération, la situation en France est critique. Les usines d’aviation sont dévastées, les laboratoires vides, le personnel dispersé.

Il existe une grave insuffisance d’équipements et de moyens techniques. Le 3 mai 1946, l’Assemblée Nationale Constituante vote la loi qui donne naissance à l’Office National d’Etudes et de Recherches Aéronautiques (ONERA).

Sa mission

Sa mission est de développer, d’orienter et, en liaison avec le CNRS, de coordonner les recherches scientifiques et techniques poursuivies dans le domaine de l’aéronautique.

Un grand nombre de services ou d’établissements chargés de recherche aéronautique, disséminés dans toute la France, sont alors dissous pour être intégrés à l’ONERA.

Peu à peu, un certain regroupement se fait à Châtillon dans une bâtisse inachevée depuis dix ans et qui, vers les années 1934/1935, avait fait l’objet du scandale dit de la « Renaissance Sanitaire » (affaire Stavisky).

D’autres équipes s’installent à Palaiseau, Chalais-Meudon et Modane.

 

Le développement (1946 À 1962)

L’activité scientifique s’organise autour de cinq directions scientifiques consacrées aux disciplines de base que sont l’aérodynamique, l’énergétique, les matériaux, la résistance des structures et la physique générale.

Les essais en soufflerie réalisés à Chalais-Meudon et Modane (Savoie) contribuent à la définition de la Caravelle, du Concorde, du Breguet 941.

Le passage du « mur du son » est simulé pour la première fois en 1953 sur une maquette du Mystère II.

D’autres essais sont entrepris pour l’avion cible CT20, le missile Exocet, le Mystère IV, le turbostatoréacteur du Griffon, et aussi le statoréacteur de l’Arsenal de l’Aéronautique, organisme implanté rue Béranger à Châtillon et devenu plus tard Nord-Aviation puis Aérospatiale.

Des équipes étudient les turbomachines et la propulsion par moteurs-fusées à ergols liquides et propergols solides. L’ONERA organise de nombreuses campagnes d’essais en vol de fusées et d’engins, avec tous les moyens nécessaires en mesures, télémesure et trajectographie.

 

L’expension (1963 À 1983)

Avec le début de la conquête de l’espace, la politique nationale volontariste de la France amène la création du Centre National d’Etudes Spatiales.

De nouvelles missions sont alors confiées à l’ONERA dans le domaine spatial : il devient l’Office National d’Etudes et de Recherches Aérospatiales.

Le Centre d’Etudes et de Recherche de Toulouse lui est rattaché et de nouvelles souffleries sont réalisées au Fauga-Mauzac, au sud de Toulouse.

Châtillon- La poste

La maquette Tibère

Les grands programmes aéronautiques (Concorde, Airbus, Mirage, etc.) et spatiaux (Ariane) suscitent des recherches de grande ampleur.

La création de la Direction des Etudes de Synthèse permet de coordonner des programmes pluridisciplinaires.

Ainsi est développée l’opération Electre relative à l’étude de la physique de la rentrée à très grande vitesse de véhicules dans l’atmosphère. Des essais en vol sont effectués au Centre d’Essais des Landes (CEL) avec la fusée Tibère dont une maquette sera exposée devant l’ancienne Poste de Châtillon en septembre 1976 pour le 30e anniversaire de l’ONERA.

Les nouvelles orientations (1984 À 1996)

En 1984, la loi de démocratisation du secteur public impose à l’ONERA d’exercer sa mission au bénéfice des industriels aérospatiaux français, tout en collaborant avec les laboratoires de l’Université et du CNRS.

Suite à la fin de la « guerre froide », tous les moyens de défense ont dû être repensés devant la variété des menaces et la diversité des théâtres d’opérations.

L’optimisation de l’avion Rafale exige la synthèse de techniques multiples en aérodynamique, propulsion, matériaux et structures, contrôle automatique généralisé, optronique, microélectronique, traitement du signal.

L’optimisation du missile ASMP est le fruit d’une étroite collaboration entre l’ ONERA et Aérospatiale.

ONERA - SoufflerieLes études sur la propulsion par statoréacteur aboutissent à un missile probatoire à statofusée rustique dont plusieurs exemplaires sont tirés au Centre d’Essais des Landes.

Tous les secteurs scientifiques de l’ONERA sont impliqués dans de nombreuses recherches au profit de la furtivité des avions ou des missiles. L’ONERA fait de la recherche aussi dans le développement de nouveaux concepts de radars, ou encore dans le développement de superalliages monocristallins pour les aubes de turbines du moteur SNECMA M88.

 

Le début du 21e siècle
ONERA - Eole

Premier vol en 2014 du démonstrateur Eole pour le lancement de petits satellites

Une contribution importante est apportée aux programmes de développement des avions de la famille Airbus pour le compte d’Aérospatiale dans le domaine de l’aérodynamique et de l’aéroélasticité.

Des essais en soufflerie sont réalisés sur une maquette de l’avion de transport militaire A400M.

D’autres études concernent le givrage et le foudroiement des avions, le tremblement et le flottement des structures, la réduction du bruit et des émissions polluantes des moteurs.

Pour les hélicoptères, un concept de rotors à pales actives est analysé. Au profit du CNES, toutes les phases de vol du lanceur Ariane 5 sont étudiées du point de vue aérodynamique.

Les programmes de Défense

Avec deux départements spécialisés, l’un dans l’électromagnétisme et les radars, l’autre dans l’optique et l’optronique, l’ONERA est fortement présent dans le domaine des senseurs performants indispensables à la mise en œuvre de systèmes de défense.

Ces senseurs réalisent une imagerie du sol pour la détection, la localisation, l’observation et le pistage de cibles.

Les efforts portent aussi sur la conception de missiles et de drones toujours plus rapides, autonomes, précis et furtifs. Drone du fantassin, drone-hélicoptère capable de se poser en zone inconnue, drone à ailes battantes en sont les exemples.

L’ONERA de demain

ONERA- droneDans le cadre de son activité scientifique, l’ ONERA a souhaité s’inscrire dans la dynamique de l’Université Paris-Saclay. Il souhaite rassembler la plus grande partie de ses effectifs franciliens dans son centre de Palaiseau.

Ainsi, la Direction Générale et certains départements scientifiques ont déjà quitté le site de Châtillon pour s’installer à Palaiseau et à Chalais-Meudon.

En 2015, il reste environ 600 personnes sur le site de Châtillon. Dans les années à venir, d’autres équipes seront transférées à Palaiseau.

 

Une renommée internationale

L’ ONERA reste le Centre Français de la Recherche Aérospatiale (The French Aerospace Lab). Il sert de pont entre la recherche amont et l’application technologique en combinant simulation et expérimentation.

Il développe  ses recherches au bénéfice des agences de programmes, des grands industriels et des PME-PMI.

L’ ONERA a contribué aux plus grands succès de l’aéronautique et du spatial français.

 

Yves Aurenche Pour les Amis du Vieux Châtillon *Voir Bulletin des Amis du Vieux Châtillon n°29 déc. 2014