Histoire de la ville de Châtillon

Châtillon Rue de la Mairie

 C’est en 1192 qu’apparaît, pour la première fois dans les textes, le nom de CHÂTILLON.
Ce ne sont que quelques maisons rurales au croisement de deux routes, groupées autour d’un “petit château“ dont il ne subsiste rien, pas même son emplacement exact. Le village de Châtillon est alors un fief de l’Abbaye de Saint-Germain-des-Prés et comporte déjà sa première chapelle, sous le vocable de Saint-Eutrope.

Châtillon du moyen-âge au XVIIe siècle

Le cœur de Châtillon (le “vieux bourg“), que nous connaissons aujourd’hui, s’est constitué entre le XIIIe et le XVe siècles, autour d’activités rurales, mais il n’échappe pas aux conséquences de sa situation géographique, sur le rebord d’un plateau qui constitue un véritable balcon sur Paris. C’est ainsi qu’en 1417, le duc de Bourgogne, Jean Sans Peur, tente, depuis ce site, de s’emparer de Paris : la même l’histoire se reproduira bien plus tard !

AU XVe siècle, le village est érigé en paroisse et, le 17 juillet 1541, l’église est dédiée à Saint-Philippe–Saint-Jacques.

Dévastée et ruinée par les guerres de religion, l’Abbaye vend son fief, en 1597, à un Conseiller du Roi, Richard Tardieu.

La ruine de cette famille, au XVIIe siècle, permet à Colbert de rattacher la seigneurie de Châtillon à sa baronnie de Sceaux, qui revient, en 1700, au duc du Maine, fils de Louis XIV et de Madame de Montespan (et époux de la duchesse qui fit les “nuits de Sceaux“), puis à leur fils, le comte d’Eu, enfin au duc de Penthièvre.

C’est sous l’administration de ce dernier que Châtillon devient une commune à part entière.

Châtillon au XVIIIe siècle

La folie DesmaresC’est au début du XVIIIe que se développent, à Châtillon, les « folies », ces “maisons à la campagne“ dont raffolent la bourgeoisie parisienne et les artistes, dont ne subsiste que celle de la rue de la Gare (inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques).

Elle verra y séjourner successivement le danseur et chorégraphe Claude Ballon (à l’initiative du bâtiment actuel, en 1705) et la comédienne Charlotte Desmares (grâce au banquier Hogguer). Parmi beaucoup d’artistes, le jeune Voltaire séjournera à Châtillon… Charlotte Desmares sera d’ailleurs la créatrice de sa première pièce.

La qualité du site châtillonnais vaudra également, en 1765, l’érection de la tour de Croÿ, véritable observatoire, perpétuée, après sa destruction en 1870, par celle du cafetier Biret.

Dans le même temps, le bourg rural s’est ouvert à l’artisanat, grâce à l’eau et au sable qui facilitent les activités de faïencerie (la première remonte au XVIIIe) et de fonderie. Lachenal, pour la céramique ou Rudier et Thinot pour le bronze en sont les exemples les plus fameux.

Le calcaire et le gypse, qui constituent le sous-sol de la commune, sont à l’origine d’une importante activité d’extraction de la pierre à travers tout le XIXe siècle et jusqu’au début du XXe. Le très rare “treuil de carrière“ de la rue Ampère (inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques) témoigne de cette activité… mais aussi le sous-sol miné par les carrières d’une grande partie du territoire communal.

Les Châtillonnais élisent leur première municipalité le 3 février 1790.

Châtillon au XIXe siècle

Au cours du XIXe, le village ne va pas cesser de croître, passant de 759 habitants en 1801 à 5 100 en 1919, et de se développer. Le cimetière est déplacé sur son site actuel en 1827, une école de fille est ouverte en 1816, la mairie actuelle, avec une école de garçons, est construite entre 1838 et 1851, les gendarmes s’installent en 1845 et la Maison de retraite Sainte Anne d’Auray est fondée en 1861.

La Guerre de 1870 puis la Commune frapperont durement Châtillon, comme les villes alentour: combats contre les Bavarois en septembre et octobre 1870, combats entre fédérés et troupes régulières en avril 1871. Le 22 avril, le clocher de l’église s’effondre.

Châtillon depuis le XXe siècle

C’est après la Première guerre mondiale que l’agglomération urbaine se développe vers le nord et l’ouest, par morcellement des parcelles exploitées pour la culture ou les carrières. Les maisons rurales cèdent la place aux pavillons de banlieue de la Loi Loucheur et les premiers immeubles apparaissent le long des voies de circulation.

Mais, déjà, deux lignes de tramway reliaient Châtillon à Paris, électrifiées en 1903.

De cette même période date l’entrée de notre commune dans l’ère industrielle, avec l’installation de l’usine Brandt en 1925, qui deviendra Nord-Aviation puis Aérospatiale, enfin MBDA. Une partie de l’histoire aéronautique française a été écrite à Châtillon.

Après le départ définitif de l’entreprise, c’est un nouveau quartier qui est sorti de terre en conservant deux beaux témoins de la période industrielle.

Dans les années 30, Stavisky entreprend la construction d’une maison de santé mutualiste (aérium) qui deviendra, après la guerre de 39/45, le siège de l’ONERA, et les «Chantiers du Cardinal» édifient entre 1931 et 1933 l’église Notre-Dame du Calvaire, accompagnant le développement de la ville « de l’autre côté de la nationale » (aujourd’hui RD 906).

La ville prendra sa forme actuelle dans les années 50, avec la percée de l’avenue de Verdun, et dans les décennies 60/70, avec un urbanisme de barres et de tours heureusement abandonné aujourd’hui.

Sa population est, alors, d’un peu plus de 27 000 habitants.

Depuis le milieu des années 80, le “vieux bourg“ a été réhabilité, en préservant ses formes d’origine et en mettant en valeur tout ce qui pouvait l’être. Les terrains à l’abandon ou à usage de dépôts ont été urbanisés, soit en quartiers d’habitations, soit en zone d’activités (qui faisaient cruellement défaut), avec le souci de respecter l’échelle humaine, de diversifier les types de logements et de faciliter l’accueil de nouvelles entreprises. Plusieurs parcs ont été créés, les équipements publics ont été multipliés et rénovés, notamment pour la petite enfance et les écoles, la ville a été fleurie et animée. La vie culturelle et sportive est particulièrement développée : elle est riche et diversifiée, créative et ouverte à tous, en y intégrant le rôle des associations. La solidarité s’y fait discrète mais efficace. Enfin, l’éco-responsabilité est une “ligne de conduite“ que la Ville s’efforce de faire partager à tous les Châtillonnais.

En ce début de XXIe siècle, Châtillon poursuit, comme elle l’a fait depuis ses origines, son adaptation aux multiples évolutions du monde actuel, sociétales, technologiques, environnementales, pour répondre aux besoins d’une population de plus de 37 000 habitants.

Elle accueille des entreprises innovantes comme, parmi beaucoup d’autres, Orange Gardens, le site de l’innovation d’Orange. Avec la mise en place du tramway T6 et dans quelques années la ligne 15 du Grand Paris Express, Châtillon est au cœur d’un réseau de transports publics performant.

Aux portes de Paris et, depuis le 1er janvier 2016, au cœur de la Métropole du Grand Paris et du nouveau territoire intercommunal Vallée Sud Grand Paris, l’ambition reste de faire de ce “coin de banlieue“ une “vraie“ ville…
Jean-Pol HINDRÉ

Bibliographie:
«Châtillon aux portes de Paris», par Martial Leroux et Monique Barrier (Les Amis du Vieux Châtillon), publié par la Ville de Châtillon (Maury – 1998)
«Châtillon en Île-de-France – à travers rues et lieux-dits » par Monique Barrier et Michèle Sirchis (Les Amis du Vieux Châtillon.), publié par la Ville de Châtillon (Maury – 2007)